Quand la vie ne suit pas le scenario prévu

Ce matin, une question m’est revenue en mémoire. Une question simple, posée par Marianne : « Comment vas-tu ? J’espère que tes projets se concrétisent. »

Sur le moment, j’ai répondu : « Ça va très bien. »Mais en l’écrivant, j’ai senti une dissonance. Un décalage entre la réponse donnée et ce que je ressentais réellement. Pourquoi ai-je répondu cela ?

Cette question a ouvert une porte intérieure…Celle des projections que l’on fait, des attentes que l’on entretient, souvent inconsciemment. Et de cette fameuse idée : « J’espère que tes projets se réalisent. »

Mais que veut dire « se réaliser » ?Et surtout, de quels projets parle-t-on ? Ceux du mental ? Du personnage ? Ou ceux de l’âme, plus subtils, souvent imprévus, mais profondément justes ?

Je réalise combien j’ai, à plusieurs reprises, projeté sur la vie des attentes : des choses que j’aurais pu vouloir, penser, rêver, ou même redouter. Et pourtant, la vie m’a emmenée ailleurs.

Pas toujours là où moi je pensais aller. Pas là où mon mental avait prévu d’atterrir. Et cela génère des tensions. Des dissonances intérieures. Parfois même des jugements, des déceptions, des souffrances.

Parce qu’au fond, on voulait que ça se passe comme on l’avait imaginé.

Il y a alors une observation à faire. Une honnêteté à accueillir :Non, ce n’est pas ce que j’avais prévu. Et oui, il y a en moi un désir de contrôle, une part qui aurait aimé que les choses suivent son plan.

Mais quand la vie bifurque, il y a comme une invitation à lâcher cette illusion de contrôle. Car ces instants de décalage entre l’attente et le réel peuvent faire surgir : la peur, l’insécurité, le doute, la colère, la frustration…Autant d’émotions qui parlent de notre humanité. Et que l’on est appelé à traverser, à observer, à accueillir.

Ce n’est pas confortable, non. Mais c’est nécessaire.

Ces phases d’instabilité sont des portails. Elles nous révèlent. Elles nous montrent tout ce qui se joue en nous : les peurs, les émotions, les blessures, les croyances, les conditionnements familiaux, sociétaux…Et si l’on ose les observer, les traverser, les ressentir pleinement, sans fuir… alors un autre niveau de lecture apparaît.

Ce n’est plus le mental qui comprend. C’est le cœur qui reconnaît. C’est la conscience du plus haut qui murmure le sens, au-delà des mots.

Et soudain, ce que l’on croyait être un « échec de projet » devient une expérience au service de l’Être. Une évidence intérieure. Une révélation.

C’est cela que j’ai envie de partager. Non pas une réponse automatique à une question banale, mais une vérité en mouvement. Celle qui naît quand on s’autorise à regarder ce qui est là, au-delà des apparences.

Alors non, mes projets ne se sont peut-être pas réalisés comme je l’avais prévu. Mais peut-être que la Vie, elle, réalise autre chose à travers moi.

Et cela, je choisis de l’honorer.